Les émouleurs sont présents dans l’histoire du bassin thiernois au moins depuis le XVIIIe siècle, à Thiers, au bord de la rivière la Durolle et de ses affluents, qui fournissent l’énergie hydraulique nécessaire aux rouets.
Les rouets, leur lieu de travail, sont des moulins à eau sur deux niveaux, qui accueillent au premier étage les polisseureuses et en bas, au plus près de l’eau, les émouleurs. Leur rôle est de réaliser les émoutures, de donner aux lames leur tranchant grâce à une meule en grès. Une fois qu’il a mis la meule en mouvement, l’émouleur se couche sur une planche de bois, légèrement surélevée côté tête, positionnée au-dessus de la meule. Cette position lui permet de peser de tout son poids pour façonner l’acier. Fortement exposé au froid et à l’humidité, lorsque les températures deviennent difficilement supportables, un chien couché sur ses jambes lui apporte un peu de chaleur. Cette position, propre aux émouleurs thiernois, témoigne de la détermination et de la capacité d’adaptabilité de ses artisans, elle en fait également un métier dangereux: déformation de la cage thoracique par écrasement, membres happés par les courroies, proximité avec la meule qui entraîne un risque mortel en cas d’éclatement de celle-ci, mains coupées, rhumatismes, silicose…
Aujourd’hui l’électricité a remplacé l’énergie hydraulique, le backstand la meule et on émoud à la verticale, mais la position de l’ensemble du corps et la maîtrise des gestes restent essentielles.
Au cours de ma formation j’ai visité le musée de la coutellerie de Thiers, où j’y ai découvert l’histoire de la coutellerie thiernoise, dont celle du métier d’émouleur. En réalisant des émoutures creuses, qui rappellent la forme que leur donnait la meule à l’époque des rouets, j’espère transmettre un peu de l’histoire des émouleurs et éveiller la curiosité des détenteureuses des couteaux SANSO.
Pour aller plus loin dans la transmission des métiers de la coutellerie et contribuer à faire vivre cet artisanat séculaire des initiations à la coutellerie seront proposées au sein de l’atelier SANSO.
Avec un couteau SANSO on ne partage pas uniquement un savoir-faire mais également des expériences, des histoires, des émotions, des souvenirs…
Photo « Musée de la Coutellerie – Ville de Thiers »
